Liban : exigences des partis et mauvaise situation économique à l'origine des manifestations

11:06 - January 30, 2021
Code de l'info: 3475595
Téhéran(IQNA)-La dette intérieure et la dévaluation de la monnaie nationale, les crises régionales et le déclenchement de l’épidémie ont ruiné l'économie libanaise et paralysé le gouvernement libanais, mais la corruption des responsables ne doit pas être ignorée.

Les Libanais ont protesté cette semaine à Beyrouth, Tripoli et al-Qubayat contre la mauvaise situation économique et le confinement. Les manifestants ont exigé la reprise des activités économiques qui avaient été suspendues en raison de l’épidémie.
 
Le Comité de la Croix-Rouge libanaise a annoncé sur son compte Twitter, que 23 de ses membres avaient été blessés lors d'affrontements entre l'armée libanaise et des manifestants au nord de Tripoli. L'économie et la politique du Liban sont liées pour diverses raisons, aux décisions qui ont suivi l'indépendance en 1945, et au système politique du pays, dans lequel chaque groupe racial et religieux détient une partie du pouvoir et influence l’économie, sans compter la longue guerre civile de 1975-1990 qui a gravement endommagé les infrastructures du pays.
 
Cependant, en raison de la forte présence de Libanais expatriés et de l'argent que ces personnes ont envoyé au Liban, l'économie libanaise a connu des jours meilleurs et un boom de l'industrie du tourisme mais cette période a été courte en raison de la corruption généralisée des politiciens libanais, et le début de la guerre civile syrienne qui a aggravé la situation.
 
Selon un rapport de la Banque mondiale en 2020, l'économie libanaise qui était structurellement tendue avant la guerre en Syrie, a fait face à de nombreux problèmes après la crise syrienne, lorsque 1,5 million de réfugiés syriens sont entrés dans le pays. Le PIB, qui était à deux chiffres avant la crise syrienne, a baissé d’1% en 2018.
 
En août 2019, le taux de change du dollar américain par rapport à la livre libanaise a augmenté. En 1997, le dollar faisait 1507,5 livres libanaises, 1600 en 2019 et 4200 en 2020. Cependant, malgré les efforts de la Banque centrale du Liban, le 23 juin 2020, le prix du dollar sur le marché noir, a atteint un taux de change stupéfiant de 6755 livres libanaises qui a réduit la valeur de la livre libanaise de 75%.
 
La pénurie de dollars a également conduit à la fermeture de 785 restaurants et cafés, entre septembre 2019 et février 2020, avec 25000 pertes d’emploi. La crise économique a ramené le produit intérieur brut du Liban à environ 44 milliards de dollars, contre environ 55 milliards de dollars l'année dernière. L'épidémie de corona a aggravé les choses.
 
Malgré les efforts du gouvernement libanais pour obtenir un prêt de la Banque mondiale, les négociations entre les représentants du gouvernement libanais et les responsables du Fonds monétaire international ont échoué.
 
Suite à l'explosion du 4 août 2020, à Beyrouth, qui a tué au moins 200 personnes, le gouvernement libanais, dirigé par le Premier ministre, Hassan Diab, a annoncé que son gouvernement démissionnerait, affirmant que la corruption était endémique dans les sphères politiques et administratives du pays. Les tensions sociales qui sont réapparues après l'explosion de Beyrouth, ont montré que la population avait perdu confiance en l'élite politique.
 
Certaines estimations suggèrent que la moitié de la population libanaise vit près ou en dessous du seuil de pauvreté, et que des milliers de personnes ont perdu leur emploi depuis l'épidémie de Corona. Cette situation est une sonnette d'alarme pour la région du Moyen-Orient. L'expérience de la guerre civile libanaise a montré que sans le soutien du peuple et une véritable lutte contre les divisions et la corruption au sein du gouvernement, le Liban pourrait connaitre une autre guerre civile.
 
 
captcha