90 personnalités ont demandé à Emmanuel Macron d'agir contre l'islamophobie

9:04 - October 16, 2019
Code de l'info: 3470866
Les signataires d'une tribune réclament que le président de la République assure que "les musulmans en général ont toute leur place dans notre société."
Quatre jours après qu’une mère de famille voilée a été violemment prise à partie par le groupe Rassemblement national du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté et son président Julien Odoul, 90 personnalités signent, dans les colonnes du Monde, une tribune demandant à Emmanuel Macron de condamner ces actes.
 
Vendredi passé, cette mère de famille accompagnait une classe de CM2 dans le cadre d’une opération civique baptisée "Ma République et moi", destinée à leur faire découvrir le fonctionnement des institutions. Prise à partie, elle a été forcée de quitter la salle après plusieurs minutes de tractations. Son fils, présent au moment des faits, a également quitté les lieux, en pleurs.
 
Dans la tribune de ce jour, ces personnalités, parmi lesquelles on retrouve Omar Sy, Kev Adams, Malik Benthala, Céline Sciamma ou encore Dominique Farrugia, la question suivante est posée en guise d’introduction: "Jusqu’où laisserons-nous passer la haine des musulmans?"
 
Critique de l'inaction 
Après avoir dans un premier temps rappelé que "rien, ni dans le règlement ni dans la loi, ne justifiait que cette femme soit poussée vers la sortie de l’assemblée régionale", la lettre ouverte tient à condamner le comportement de l’élu RN Julien Odoul, "d’une violence et d’une haine inouïes."
 
"Mais par notre lâcheté, par nos renoncements, nous avons contribué, petit à petit, à les laisser passer, à les accepter", est-il encore écrit.
 
La tribune dénonce encore l’inaction de l’opinion publique. "Comme si elle pouvait être écrasée, bafouée dans sa dignité, sans que cela ne suscite la moindre indignation collective digne de ce nom. C’est pourtant ce qu’il s’est produit."
 
"Qu'aviez-vous fait?" 
Par la suite, la lettre publiée dans le quotidien du début de soirée dénonce une instrumentalisation de la laïcité. "Jusqu’où pouvons-nous tolérer encore ces discours et actes de haine contre une partie de nos concitoyens? Que laisserons-nous passer demain? Qu’expliquerons-nous à nos enfants lorsque, dans quelques années, ils nous demanderont, à juste titre: 'Qu’aviez-vous fait?'"
 
Particulièrement pointé du doigt, un questionnaire mis à disposition par l’université de Cergy-Pontoise, qui demande à son personnel de lui faire remonter les "signaux faibles" de détection de radicalisation d’étudiants ou de collègues. Le questionnaire a fait polémique, en particulier sur les réseaux sociaux, et a été retiré depuis.
 
"Est-ce donc cela 'la société de la vigilance' qu’appelle de ses vœux le président de la République: un fichage et des dénonciations de personnes de confession musulmane au sein d’une institution publique française?', peut-on lire.
 
En guise de conclusion, les signataires estiment qu’il faut qu’Emmanuel Macron dise "avec force, que les femmes musulmanes, portant le foulard ou non, et les musulmans en général ont toute leur place dans notre société. Il en va de l’avenir de notre pays."
rtbf
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